Chère sœur, cher tempérament capricieux,

Ah, comme je vous reconnais bien là ! vous et cette plume de jeune fille très exagérée. N'avez-vous pas grandi en mon absence ? et vous souvenez-nous qu'il fait bien moins de temps, que je ne suis point venu, que ces années que vous me reprochez ? Les heures passent, votre jeunesse aussi. Ne vous souciez pas tant de votre frère qui accomplit toute la grandeur de son devoir ailleurs.

Malheureusement, je ne puis vous promettre mon retour. La charge qui m'incombe emplit mes longues journées. A l'heure où je vous écris, je prépare encore le voyage qui doit me conduire aux portes du château de Guilford. Savez-vous encore que le fief de la noble famille Potter ressemble fort au nôtre ? Je n'ai plus le souvenir de vous y avoir jamais emmenée. Il vous plairait sûrement, autant que de m'y savoir, croyez-le.

Je n'ai, à présent, plus le temps de vous écrire. Soyez sérieuse, prenez soin de votre santé en cessant de vous inquiéter et veuillez encore transmettre mon affection à notre mère et à nos sœurs.

Humblement,
Votre frère qui n'oublie pas.