Perchée au sommet de la plus haute tour du château des Potter, Lady Ashara restait songeuse. En se levant le matin-même, elle avait eu une envie soudaine de quitter ce monde de convenances pour partir et s'évader l'esprit. Sans même avaler quoique ce soit et sans que personne ne la remarque, elle avait rejoint les écuries, enfourché sa chère petite jument, cadeau de son père peu avant son entrée à Poudlard, et avait filé comme le vent. Elle avait galopé toute la matinée à bride abattue, et n'était rentrée au château que pour le repas de midi sans daigner donner la moindre explication à ses parents. Elle s'était montrée d'une compagnie agréable, ne laissant rien paraître de son mal-être, mais à peine le repas fini, elle s'était échappée pour s'enfermer ici, seule. Pour dire vrai, Ashara ne savait quoi penser de tout ce qui lui arrivait en ce moment. Un nom en particulier revenait sans cesse dans son esprit. Jaime. Depuis que son père lui avait appris son intention de la marier à l'héritier Abbott, rien n'allait plus pour Ashara. Elle qui avait toujours été si fière de sa liberté, voilà que son propre père, celui qu'elle admirait tant, voulait l'enchaîner à un mariage qu'elle ne désirait pas. Car elle en était certaine, Jaime n'était pas celui qu'il lui fallait. Elle l'avait toujours désiré, du plus profond de son être, mais aujourd'hui, alors qu'il lui était donné sur un plateau d'argent, elle était persuadée qu'il souhaitait l'épouser pour les mauvaises raisons. Elle commençait à le connaître après toutes ces années, et elle savait à quel point le pouvoir était important pour lui. Or, n'était-elle pas l'aînée d'une des familles les plus puissantes du royaume, en possession notamment de la cape d'invisibilité ? Et il était hors de question pour elle de se marier simplement pour satisfaire les envies de pouvoir de son futur époux. Parfois elle se demandait pourquoi elle n'était pas née vagabonde, sans personne sur qui compter. Là, au moins, elle aurait pu satisfaire sa soif d'aventures et n'aurait pas eu à craindre quoique que ce soit concernant un mariage non désiré.

Soudain, un bruit la fit sursauter et elle se retourna aussitôt. Qu'elle ne fut sa surprise en apercevant un jeune garçon, qu'elle reconnut pour être l'un des nombreux serviteurs du château. Elle lui fit un doux sourire et il osa enfin s'approcher. Il semblait plutôt mal-à-l'aise. « Excusez-moi de vous déranger, ma dame, mais votre père m'a chargé de vous annoncer que Lord Prewett était arrivé au château et que votre présence était requise ... » réussit-il finalement à prononcer avant de rougir fortement. Aussitôt, l'esprit d'Ashara s'emballa. Lord Prewett ? Il ne pouvait s'agir que de ce cher John. « Bien, merci. Dis à mon père que je descends immédiatement. » Le messager partit aussitôt, sans demander son reste, et un sourire fleurit sur les lèvres de la belle demoiselle. Ses mains s'enfoncèrent dans les plis de sa robe, d'où elle tira une lettre un peu froissée, qu'elle lut pour la deuxième fois.

Ma chère Ashara,
Cela fait bien longtemps, n'est-ce pas ? Je vous écris aujourd'hui pour vous faire part de mon arrivée prochaines sur vos terres. Je suis conscient de vous prendre de court avec cette annonce et j'espère du fond de mon cœur que vous pourrez m'accueillir. En effet, j'ai reçu il y a peu un message de mon père me demandant de retourner sur les terres de mon enfance, et tout cela me laisse perplexe. Je suis perdu et je crois bien avoir besoin de vos précieux conseils. Nous pourrons sans doute en profiter pour vérifier que les leçons que je vous donnais lorsque nous étions enfants n'aient pas servis à rien, si vous le souhaitez.
Avec toute mon affection,
Lord Prewett.

Ah, John ... Un ami de longue date. Une des rares personnes en qui elle avait toujours eu une totale confiance, peut-être parce qu'il était l'un des seules à avoir donné du crédit à sa passion pour les armes. Et dire que son père avait voulu la marier à cet homme ... Ashara remerciait chaque jour le ciel que cela n'ait pas eu lieu. Elle l'appréciait beaucoup, mais elle était certaine qu'un mariage aurait mis à mal leur relation. Surtout qu'ils avaient six ans de différence, et qu'à l'époque, lui était fou amoureux d'une autre. Et dire que cette chère Lacerta était morte à présent. Depuis ce tragique évènement, Ashara n'avait pas eu beaucoup d'occasions pour voir John, et elle se réjouissait plus que tout de cette visite, qui leur permettrait sans doute de rattraper le temps perdu. Aussi s'empressa-t-elle de rejoindre son père. Elle les trouva finalement dans la cour du château, Lord Prewett confiant sa monture à un jeune écuyer tandis que Lord Potter s'enquérait de sa santé. Un large sourire apparut sur le visage d'Ashara qui s'empressa de les rejoindre. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait sauté au coup de leur invité, mais elle savait que ni son père, ni sa mère n'auraient apprécié ce geste, elle se contenta donc de s'approcher de lui. « John ! Quelle joie de vous revoir, vraiment ! Cela fait si longemps ! J'ai été ravie en recevant votre dernière lettre et ai attendu votre venue avec impatience. »

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