∞ NOM : prewett. ∞ PRÉNOM : john. ∞ AGE : trente-deux ans. ∞ CAPACITÉ MAGIQUE : aucune qui soit connue de lui. ∞ MÉTIER : veilleur pour la garde du royaume, et premier héritier de sa maison. ∞ STATUT : veuf. ∞ NATURE DU SANG : pur. ∞ BAGUETTE : rigide, vingt-huit centimètres en bois de séquoia, et enveloppant un crin de sombral. ∞ ALLÉGEANCE : à l'honneur de son père, l'intégrité de sa famille et la pureté de son devoir. ∞ EPOUVANTARD : il y a du sang, tant de sang qui coule sur le doux visage de sa mère, agenouillée sur les corps déchiquetés de ses frères et sœurs qui reposent, eux-mêmes, sur leur blason. ∞ PATRONUS : un aigle botté. ∞ GROUPE : la pierre de résurrection.

Un jour, John devrait régner sur les terres des west-midlands. ∞ Il n'a ni femme ni héritier. ∞ Au demeurant, il refuse toutes les femmes qu'on lui propose en mariage. ∞ Il est Veilleur depuis six ans, et parcourt toute l'Angleterre pour le Conseil des Sorciers. ∞ Il n'a plus vu aucun membre de sa famille depuis presque un an. ∞ Il a, actuellement, sa résidence principale en plein cœur de Londres. ∞ John Prewett a bonne réputation, un peu partout dans le pays, pour autant qu'on ne s'attarde pas sur ses silences et ses mines ombragées. ∞ L'on dit qu'il se plaît si bien à frôler la mort qu'il n'utiliserait sa baguette qu'afin de protéger son armure et d'avoir les mains libres d'utiliser son épée. ∞ Aucune confirmation, mais l'on observe son maniement habile de la lame plus souvent que celui de sa baguette. ∞ Puisqu'il est le premier-né d'un suzerain, John est un célibataire singulièrement convoité. ∞ L'on murmure que son frère cadet, Aries, ambitionnerait de l'assassiner ou, en tous les cas, de précipiter sa mort afin d'accélérer la succession. ∞ John ne tournerait jamais le dos à son cadet. ∞  On ne lui compte pas réellement d'amis, pas davantage d'ennemis.

en construction. ∞ en construction.

Elle lui avait fait promettre. Elle lui avait fait promettre qu'il n'irait plus aux devants des périls qu'il voulait volontiers pour entailler son être. John, jure-le. Et je t'épouserai. Il lui en avait fait promesse, et il en avait trouvé son âme apaisée. On l'avait vu défendre ses terres avec hargne mais intelligence, sans plus jamais préférer les gouffres ou le sang. Lacerta y était parvenue, elle avait dévoré ses craintes pour le garder près d'elle. Mais elle est morte. Disparue. Envolée. Pourtant... pourtant elle s'était accrochée à ce monde. Elle le savait. Au moment où la vie s'évanouissait de son corps éreinté, elle savait mieux que quiconque que si elle disparaissait, il ne tarderait pas à la suivre. Alors quelque chose d'elle a survécu. Mais quel drame, quelle horreur, que de n'être que fantôme ! Elle n'avait pu survivre toute entière. Elle était différente. Incroyable ! Téméraire ! Cette demi-vie la dévorait. Et elle a vu l'amour que John lui portait s'éteindre peu à peu. Elle n'était pas sa femme. Elle n'était plus. Alors il est parti. Il a fui sa dernière image. Et la peur, ce peu de sentiment d'humanité qui devait lui rester, Lacerta l'a nourri, éduqué, en son sein. Elle attend, tous les jours, l'annonce de sa mort. Il doit revenir. Il le doit. Elle saura l'apaiser. Encore, comme autrefois. Mais, cette fois, elle le sait, là, lui aussi le pourra, l'apaiser en retour.

Aries et John se sont toujours haï, sans jamais y songer. Pour l'aîné, la faute en revient au cadet. Pour le cadet, la faute en revient à l'aîné. Et, cependant, on ne leur connaît pas la moindre dispute. Ils font merveilleusement illusion auprès de plus d'un de leurs pairs. Ils n'ont pas à exagérer leurs comportements, c'est incisif, juste là, sous la peau, pour les dévorer tour à tour, dans le secret le plus complet. Il est vrai que les deux frères n'ont jamais eu beaucoup de mots l'un pour l'autre et, bien qu'ils soient finalement très semblables, ils ont eu l'air de s'attarder sur leurs dissemblances. Aucun des deux ne sait comment tout cela à commencer, ni quand leur animosité a pris une telle ampleur, au point qu'elle soit devenue irrémédiable. C'est un fait, voilà tout. Tout les excède, chez l'autre. L'indolence de John, qui passe pour de la lâcheté. L'audace d'Aries, qui passe pour de l'avidité. Ils ont presque oublié qu'ils étaient frères, qu'ils n'avaient qu'à s'aimer. Ils pourraient s'entre-tuer, si la noblesse de leur rang ne devait les empêcher. Il n'en sera certainement pas toujours ainsi, ils le savent fort bien. Aries est trop ambitieux et, d'ailleurs, John lui céderait volontiers sa place de successeur. Mais il est premier-né. Et bien que le souhait de mourir souffle dans son esprit, il refuse encore drôlement de se trouver assassiné par Aries. Il le faudrait pourtant, tout le monde en serait contenté, pour sûr. Et voilà qui mettrait fin à cette haine indicible, ce poison lent qu'ils n'expliquent pas dans leur être.

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L'on avait conté la légende du premier-né des Prewett à Cérès. Aries lui-même lui avait murmuré, dans le creux de sa couche, les moindres détails du décès de l'épouse, de sa fuite du domaine et de son errance dans toute l'Angleterre pour le Conseil des Sorciers. Mais elle ne mesurait pas toutes les ténèbres contenues en un seul et même homme avant d'avoir posé les yeux sur lui. John ne venait en aucune façon la rencontrer. Il ne cherchait qu'à maintenir l'ordre dans la province, qu'à accomplir son devoir. Mais il l'a séduite. D'une façon singulière. Jamais comme l'on aime, Cérès en est persuadée, mais toujours comme l'on reconnaît une âme pareille à la sienne. John a deux fois l'allure de son frère, Aries, et il est certain de régner après le décès de leur père. Autant d'atouts qui ne la laissent pas indifférente. Mais elle l'indiffère, lui. C'est tout juste s'il l'a vu. A-t-on jamais croisé le regard de Cérès Parkinson sans être subjugué ou même rien qu'un peu affecté ? Elle lui a pourtant parlé, dans cette robe qui découpe si bien sa poitrine, mais il a vu le protocole quand elle amenait tous ses charmes. John est devenu son obsession. Il remplit tous les délicieux critères qu'elle peut espérer d'un homme sans qu'il n'ait jamais à l'aimer pour autant. Elle est certaine de pouvoir le conquérir, le rallier à son être... et, d'ailleurs, elle y parviendra plus tôt encore qu'elle n'osait savamment l'espérer. Beaucoup plus tôt.

Ils étaient amis comme on l'est à sept ans. Quand l'on ne dépense ses étés qu'en promenades et en audaces. Quand l'on arpente les routes avec le seul souci de déplaire à son père pour mieux plaire à ce compagnon qui nous suit. Ashara Potter et John Prewett étaient ainsi. Des amis. Des enfants. Lui pour lui apprendre ce qu'on apprend des armes. Elle pour lui rendre sa véhémence en attentions sincères. Elle l'écoutait. John n'a jamais tant parlé qu'en sa présence. Oui, ils étaient amis. Jusqu'à ce que leurs parents décident de les marier. Et ils se sont encore battus, l'un contre l'autre, l'un avec l'autre. Chacun pour leur liberté. Elle, elle était trop jeune. Lui, il était amoureux. D'une autre, bien sûr. Et de leur obstination naquit de sombres tensions entre leurs deux familles. Tous finirent par se pardonner, tandis que deux promis continuaient d'être de bons amis. Ils se comprennent, ils se complètent. John lui fait tant confiance. Ashara est infaillible, inflexible. Elle fût là, constamment. Qu'importe la distance. Elle sait ce qu'il était, jadis. Elle peut donc lui rappeler ce qu'il devrait être toujours...