∞ NOM : sutherland. c'est un nom que l'on crache, lorsqu'on daigne le prononcer. inconnue au bataillon, destinée à demeurer étrangère dans les deux mondes dans lesquelles tu as grandi. venue du sud. mais de quel sud, de quel monde ? tu n'appartiens à aucun d'entre eux, tu n'argues ton nom que devant tes geôliers dans un abominable sourire sarcastique. tu leur vomis ta nature tant abhorrée parmi eux. sang-de-bourbe parmi les sorciers à l'ascendance aussi noble que tu es impure. née-moldue, qu'ils éructent ici. sorcière, qu'ils profèrent là-bas. fatalement seule, songes-tu simplement. pauvre funambule qui slalome entre deux mondes sans pouvoir se décider dans lequel définitivement tomber. pour y crever. ∞ PRÉNOM : à la naissance, on t'attribua l'élégant prénom de zelda. tu n'en sus jamais la raison, et ne t'en soucias guère ; il s'agissait de ton nom, voilà tout. celui auquel tu te contentais de répondre docilement comme l'avaient toujours souhaité tes parents ; zelda était une gentille fille, sage et obéissante, toujours à l'écoute des revendications maternelles et baissant la tête sous les réprimandes paternelles. zelda était une fille traditionnelle, promise à un avenir tout aussi banal, jusqu'à ce qu'on te découvre cette tare que tu portes en ton sein. répudiée, chassée et promise au bûcher, tu t'es enfuie, et le nom de zelda ripait sur ta langue, te laissait un goût profondément amer en bouche. cette fille-là a réellement péri dans les flammes ; morte. et aujourd'hui, toi, tu ne réponds plus qu'au nom d'eochaid. un nom irrévocablement masculin mais que veux-tu, ton plus grand regret a toujours été d'être née femme dans une société profondément misogyne – et ce, pour les siècles et les siècles à venir –. c'était le nom de ton petit frère, mort à seulement treize ans, d'une épidémie qui a ravagé ton joli village ; c'est une preuve que, l'air de rien, tu sais toi aussi faire preuve de sentimentalisme. ∞ AGE : on t'en donnerait plus, ou peut-être moins. depuis que tu as débarqué ici, tu t'amuses à jouer avec ton âge, t'ajouter des années comme t'en enlever, faisant tourner ton petit monde en bourrique. au fond, le monde s'en fiche, de savoir si tu as vingt ou trente printemps. tu n'es rien, au final, eochaid. juste une née-moldue. une petite sang-de-bourbe qui arrive, des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux. on s'en fout complètement, si ta vie part complètement à la dérive alors que tu as tout juste vingt-quatre ans. ∞ CAPACITÉ MAGIQUE : une métamorphomage qui s'ignore à moitié ; être née sorcière dans un monde qui n'a de cesse de pourchasser tes congénères ne suffisait pas, voilà que tu dois apprendre à dompter tes émotions et tes pensées pour ne pas être confrontée à de prompts et intempestifs changements d'apparence. il s'agit généralement de la couleur de tes cheveux, ou celle de tes yeux, qui est altérée au fil de tes humeurs mais, plus le temps passe, plus ce don te file entre les doigts – curieusement, tu le contrôlais à la presque perfection il y a quelques temps – et tu te retrouves parfois affublée d'un physique qui est loin d'être le tien. tu as longtemps été persuadée qu'il s'agissait du lot de tous les sorciers, ou tout du moins des nés-moldus qui n'ont pas eu le loisir de recevoir les préceptes des anciens leur prodiguant quelques précieux conseils ; tu n'as su que tardivement que ce sort t'est presque exclusivement réservée comme tu ignores encore qu'à partir du moment où tu sauras de nouveau le contrôler, ce don pourrait bien être la clef de ta réussite comme il t'a déjà sauvée la vie autrefois. ∞ MÉTIER : née fille d'un riche marchand et d'une petite bourgeoise, on te prédestinait à cette même existence, fleuve tranquille que tu aurais du arpenter ; au lieu de quoi, lorsqu'ils ont contemplé l'horreur de ta nature, tes géniteurs ont espéré absoudre leurs pêchés d'avoir donné naissance au malin en te purifiant dans les flammes. tu as fui et, depuis, n'as pu te destiner qu'à une carrière dans la pègre, vivant de ce que tu voles, fuyant les représailles comme tu t'attires systématiquement des ennuis. toujours plus avide, plus désireuse de prendre, arracher à ceux qui ont trop pour savourer la délectation de posséder quelque chose. tu te montres de plus en plus gourmande, davantage impétueuse, largement moins prudente, et c'est ce qui t'aura coûté ta captivité. de simple fille de bourgeois, de voleuse de bas étage, tu étais désormais captive, cloitrée dans des cachots sombres et humides. merci à ton avidité. adieu liberté. et depuis quelques années déjà, maganime, le seigneur responsable de ta captivité a daigné te relâcher en échange de plusieurs années de bons et loyaux services. ∞ STATUT : autrefois, fiancée. il y a longtemps. dans une autre vie. tu étais promise à un riche marchand de soieries, un bonhomme qui avait eu la bonté d'aider ton père à une occasion obscure et qui avait le double de ton âge mais se montrait aussi charmant et prévenant que possible. tu aurais du l'épouser à l'aube de tes dix-huit ans, au lieu de quoi, tu as fui, glissé vers d'autres terres, oublié tes landes de beauté, d'amour, de plaisir. tu as abandonné derrière toi ta vie d'avant et l'avenir qui t'était promis pour embrasser une existence bien plus incertaine, où ta seule consolation était de te savoir libre, et non vendue au plus offrant. tu te dirais bien célibataire ou, mieux encore, libre et indépendante, mais au-delà du soucis d'être mal vue – au point où tu en es, de toute façon –, c'est bien que tu ne peux te prétendre libre lorsque tu as les pieds et mains liés ; d'autant plus que ton unique vocation n'a jamais été que de faire un grand mariage avec un puissant seigneur dans le but de prouver à tous que ta nature du sang importe peu. ∞ NATURE DU SANG : ton nom te trahit. ton cruel manque de connaissances en matière de magie aussi. tu n'as rien de ces enfants suzerains, avançant la tête haute et observant le monde d'un œil las en sachant pertinemment que tous ne demandent qu'à courber l'échine sur leur illustre passage. tu ne ressembles même pas à ces familles de sorciers lambdas qui cèdent au moindre caprice des nobles mais se réconfortent dans la pratique de leurs arts, aussi bien qu'ils peuvent le maitriser comme ils content avec emphase leurs si belles années à cette étrange école de magie dont tu peines encore à retenir le nom. non, tu es née-moldue, mais tu préfères te qualifier toi-même de sang-de-bourbe, coupant ainsi l'herbe sous le pied à ceux qui se plairaient à te traiter ainsi, aussi misérable que tu puisses l'être dans un monde qui ne jure que par la pureté du sang magique. et pourtant, si ambitieuse, si avide de pouvoir et de richesse, tu ne cesses de t'imaginer au bras d'un puissant seigneur, narguant toutes ces incapables, filles de bonnes familles qui ont failli là où tu as réussi à ferrer l'un des meilleurs partis. tu proviens de la plus basse souche inimaginable, et tu n'aspires qu'à gravir tous les échelons un par un. jusqu'à la gloire. jusqu'au pouvoir. ∞ BAGUETTE : confectionnée en bois de laurier, la baguette contient en son cœur une écaille de sirène et mesure trente-deux centimètres. particulièrement rigide voire même inflexible, elle ne se plie que difficilement à tes exigences, résiste bien trop souvent et pour cause, cette baguette n'est pas la tienne, tu n'es jamais allée voir les ollivander pour obtenir cette arme tant chérie par les sorciers ; tu n'avais pas d'argent, pas de nom, pas de sang, rien qui aurait su les convaincre de t'offrir ce bout de bois, coincée entre deux étagères qui t'aurait choisie. au lieu de quoi, tu as volé celle-ci à un vieux croulant, prêt à rendre son dernier soupir à chacun de ses pas et si l'homme n'a pas même eu conscience que tu lui subtilisais l'un de ses biens les plus précieux, la baguette t'a donnée largement plus de fil à retordre. un jet de lumière jaillissant venu te frapper en pleine poitrine, te coupant le souffle autant sous le coup de la surprise que sous la brutalité du coup, c'est un véritable combat que vous avez entrepris, et que vous continuez de mener tandis que tu t'évertues difficilement à dompter ce bout de bois qui semble prendre un malin plaisir à déjouer chacun de tes chers tours de magie. mais, butée, tu refuses de t'en séparer pour une autre, plus docile, car cette sensation de frémissement qui t'a prise lorsque tu as finalement posé les doigts dessus est imprégnée en toi, profondément ancrée dans ta chair. si elle ne t'appartient pas, tu la feras tienne avec le temps. à l'usure s'il le faut. ∞ ALLÉGEANCE : à toi-même, faute de mieux – bien que tu aies une certaine inclinaison secrète pour les avery –
§. ce n'est pas comme si les nobles lignées allaient se disputer l'allégeance d'une simple née-moldue, débarquée d'on ne sait trop où et qui n'a que faire de ces jeux de trône qu'ils mènent en se faisant habilement la guerre, rivalisant de stratégies et de sournoiserie pour l'emporter. toi, gaunt, malfoy ou potter, tu n'en as que faire. qu'ils s'entretuent pour glaner davantage de puissance et assoir leur supériorité, ça ne change strictement rien pour toi. à moins de pouvoir intégrer l'une de ces lignées, d'une manière ou d'une autre, cela va sans dire. ∞ EPOUVANTARD : lorsque tu as entendu parler de cette créature capable de déceler ta peur la plus profonde et d'en prendre la forme, tu étais persuadée qu'elle viendrait te hanter sous les traits du spectre de tes cadets, trois petites filles et un garçon, tous fauchés en plein vol, arrachés avant même la fleur de l'âge. mais non, au lieu de quoi, tu crains davantage le bûcher auquel on t'a promise. on te disait tout feu tout flammes, enflammée et emportée, crinière flamboyante et yeux étincelants ; tu avais déjà tout du malin dans ton apparence, ton attitude, rappelant déjà les flammes de l'enfer autant que tu as appris à les craindre lorsque tes propres géniteurs ont voulu t'y pousser. t'y jeter. pour t'y voir brûler. et depuis, le feu n'a rien de purificateur pour toi, il n'est pas profondément rédempteur comme te l'a assuré cet homme de foi avant de vouloir te conduire jusqu'au bûcher sur la place de ton village. il est vindicatif, virulent et violent. désireux de tout effacer dans ses flammes immondes. ∞ PATRONUS : née-moldue, tu n'as pas eu la chance ni de recevoir les cours de précepteurs avisés, ni de te rendre à poudlard pour y étudier. ainsi, tes maigres connaissances en magie, tu ne les dois qu'à toi-même – ou à ton seigneur – et celles-ci sont loin d'être suffisantes pour parvenir à créer un patronus. pourtant, si quelque fou venait à te poser la question, fière comme tu es, désireuse de leur prouver ta valeur, sans doute que tu mentirais, que tu t'inventerais un patronus majestueux et un souvenir rocambolesque pour le faire apparaître, oui, très certainement. sans doute que tu en oublierais la décence et te vanterais d'avoir un phénix comme patronus. oui, probablement. renaissant dans les flammes dans lesquelles tu auras du périr. ∞ GROUPE : baguette de sureau.

∞ QUE PENSES-TU DES RELIQUES DE LA MORT ? : ce n'était qu'une rumeur grossissant dans les rues, qu'un récit qu'on contait assis au comptoir, après quelques verres d'hydromel. du moins, c'est ainsi que tu en as entendu parler. ces histoires t'ont immédiatement fascinée ; d'abord pour ces reliques qui promettaient une puissance incomparable à ceux qui pourraient mettre la main dessus, et puis, les frères en eux-même t'ont longuement intriguée. qu'étaient devenus antioche, cadmus et ignotus, avaient-ils eu des descendants, des héritiers de cette faculté à dompter la mort ? aujourd'hui, on en parle peu, mais tu te plais à fouiller dans les bibliothèques, dévorer les livres où tu pourras apprendre un détail, même moindre à leurs propos. tu sais peu de choses, au final, mais ça ne freine pas ta fascination pour les reliques de la mort, des objets sur lesquels tu rêverais de mettre la main, non pas pour assouvir, rendre le monde à ta merci, mais pour prouver ta valeur, t'élever au rang de toutes ces grandes familles devant lesquelles on courbe l'échine. ∞ RECHERCHES-TU UNE RELIQUE EN PARTICULIER ? ET POURQUOI ? : tu désires les trois, mais ne recherches véritablement que la baguette de sureau. la cape d'invisibilité ne te serait d'aucune utilité alors que tu es déjà tout à fait capable de passer inaperçue de par ton don de métamorphomage. la pierre de résurrection est une tentation à laquelle il a souvent été dur de ne pas céder. souvent, tu as songé à quoi ressemblerait ta vie si tu étais en possession de la pierre de résurrection, si tu étais dans la capacité de ramener ton petit frère eochaid et tes trois sœurs ; ou même ramener lady althéa, feu l'épouse de lord avery pour retrouver cette existence dans laquelle tu te complaisais, cette relation sur laquelle tu ne parvenais à mettre de mots mais peu t'importait car tout ce que tu savais était qu'il t'était devenu nécessaire. mais ramener les morts à la vie te semble être une mauvaise idée. au lieu de quoi, tu envies le pouvoir de la baguette de sureau, d'un mouvement fluide du poignet, pouvoir convaincre jusqu'aux sorciers les plus puissants de ton propre pouvoir. pouvoir te hisser à un rang auquel seule l'élite peut se destiner. avoir le droit à cette toute puissance qui te semble refusée de par ton sang vicié. leur prouver, à tous ces sorciers, que tu es peut-être née dans l'autre monde, tu n'en es pas moins capable. te bâtir un avenir digne de ce nom grâce à ce bout de bois frémissant entre tes doigts. ∞ DE QUELLE FAMILLE SUZERAINE DÉPENDS-TU ? : de ton propre point de vue, aucune. née-moldue, tu n'appartiens à aucune famille sorcière et n'as juré à allégeance à aucune d'entre elles. néanmoins, voilà quatre ans que tu es aux services de sandor avery, une dette à rembourser, une liberté à te racheter et te voilà liée d'une certaine manière à cette lignée à laquelle tu te surprends à t'attacher. puisque tu officies sous ses ordres, tu devrais sans doute jurer allégeance aux selwyn mais tu n'irai leur prêter main forte que s'il te le demandait. car pour toi, ils ne sont rien. rien de plus que toutes ces autres grandes familles. en vérité, ce n'est à aucune maison que tu as promis ta loyauté, juste à sandor avery. voilà tout. ∞ QUEL EST TON AVIS SUR CETTE FAMILLE ? : à propos des selwyn ? ceux-là ne t'inspirent ni antipathie ni admiration, sauf si lord avery te le demande expressément. ils ne sont que de vagues spectres d'une puissance inconnue, que les ectoplasmes de récits rocambolesques lorsque tu arpentes leurs terres. mais tu leur demeures indifférente et totalement détachée de leurs objectifs, étrangère à leurs ambitions. ça t'importe peu, à moins que ton lord ne te demande le contraire. ∞ AS-TU ÉTUDIÉ A HOGWARTS ? : non, tu n'en as pas eu la chance. ce n'était pourtant pas l'envie qui te manquait mais tu étais trop vieille, âgée de vingt-deux ans lorsque tu as débarqué dans ce monde-ci. tu n'avais jamais pratiqué la magie, ne possédais même pas ta propre baguette. ça ne t'a pourtant pas empêchée d'en rêver, parfois. malgré ton sang profondément impur, irrévocablement vicié, tu as toujours rêvé d'intégrer la noble maison de salazar, de par le feu de l'ambition qui t'embrase et te calcine avec application. tu aurais certainement pu engrosser les rangs de serdaigle, avec ta soif de connaissances, ton besoin insatiable d'en apprendre toujours plus et ton amour profond pour les livres. et pourtant, depuis votre rencontre – certes un brin tumultueuse –, lord avery voit en toi une gryffondor d'envergure, tu ne cesses de lui dire que, pour toi, ç'aurait été serpentard ou rien mais lui persiste dans l'idée où tu n'aurais pu être qu'une fière et noble lionne. peu importe, ce ne sont que de pauvres élucubrations d'une simple sang-de-bourbe qui n'a pas eu cette chance d'accéder au savoir immense qu'on aurait pu t'offrir sur un plateau d'argent à poudlard. au lieu de quoi, c'est ton seigneur qui t'a appris tout ce que tu sais de la magie ; le reste, tu l'as appris sur le tas, dans les livres, à force d'observer. ∞ APRÈS LA DERNIÈRE ATTAQUE ET LA MORT D'UNE DOUZAINE DE NÉS-MOLDUS, QUEL EST TON AVIS SUR LE STATUT DU SANG ? : tu te sens plus concernée que quiconque. étant toi-même issue d'une lignée exclusivement moldue, tu es susceptible de connaître la même fin que ces malheureux. et pourtant, si tu te refuses de cracher sur ton sang vicié, ou de mentir sur tes origines, tu n'as qu'une idée en tête : grimper les échelons, parvenir au rang si respecté d'une femme de seigneur, à l'instar de toutes ces sang-pures qui naissent, une cuillère d'argent dans la bouche, et n'ont qu'à approuver les moindres faits et gestes de leurs géniteurs jusqu'à ce qu'on offre leur main au meilleur parti. tu ne peux que désapprouver cette idéologie du sang pur car cela te rejette inévitablement ; et pourtant, tu as les mêmes préjugés que les autres lorsqu'un sorcier se présente comme né-moldu, tu te dis qu'il ne s'agit que d'un incapable, tout juste bon à agiter sa baguette sans rien savoir de ce nouveau monde qui lui ouvre ses portes. en vérité, ton sang est à la fois un fardeau dans cette société qui ne jure ue par sa pureté et c'est aussi le défi de toute une vie : parvenir, malgré cette impureté, au sommet de la gloire pourtant réservée à l'élite sorcière. un sublime jeu de trônes. gagne ou meurs.

∞ pseudo/prénom : virtual heart. ou joe. irl, c'est laura. ∞ âge : majeuure. ∞ pays : france. ∞ comment as-tu découvert le forum ? : une semaine que je cherchais un bon forum hp/got. amen. ∞ que penses-tu de totb ? : ∞ ton avatar : rose leslie (you know nothing jon snow ) ∞ personnage : inventé.  ∞ un dernier mot ? : je ne suis pas un corbac.

Les orages du printemps avaient été exceptionnellement violents cette année-là. Depuis plusieurs mois, le fracas de la mer n'avait cessé de gronder, jour et nuit, au pied des falaises, au point d'empêcher, à maintes reprises, hommes et bêtes de trouver le sommeil. Étrange silhouette de granit dressée à l'extrémité d'un vertigineux à-pic rocheux surplombant l'océan. Étrange vestige, aux yeux de certains, d'un monde qui partait à la dérive. Les rares habitants du village voyaient, eux, dans cette sombre forteresse, presque toujours noyée dans d'épais brouillards et survolée par d'innombrables corbeaux, un lieu mystérieux et ancestral, où l'on demeurait coupé du reste du trop vaste monde. Un désir de rester au bercail que tu ne comprenais pas, ne partageais pas, mais faisais comme si car on ne te demandait rien d'autre que de répondre aux attentes de tes géniteurs. Et face à cette vue grandiose, la mer se retirant pour revenir engloutir d'énormes blocs de rochers et d'immenses lambeaux de terre, tu ressentais plus intensément que jamais ta solitude. Et pourtant, tout ici pouvait être si beau, si pur, si lumineux. Dés que le soleil daignait se montrer, le ciel, les rochers, les landes, la mer, toute la nature se mettait à étinceler... à devenir aussi étincelants que les flammes d'un brasier incandescent. Ce jour-là, la clameur portait très loin dans la grisaille, et tu avais cru entendre, de l'autre côté des barreaux, comme un chuchotement néfaste, un murmure funeste lorsqu'on répand la terrible nouvelle de la mort prochaine, qu'il était l'heure. Que le temps cessait de jouer en ta faveur. La pluie diluvienne ne faisait plus que crachoter inlassablement, mais si peu que les flammes sauraient persister sous l'assaut perpétuel du ciel larmoyant. On te trouva bien passive, semblant accepter avec bien trop de facilité et l'horreur de ta nature, et le destin funèbre auquel elle te promettait. Tu n'avais plus d'amis, tes parents t'avaient reniée, ton fiancé d'ores et déjà répudiée. Tu n'étais plus rien. Rien que des cendres en devenir. Un corps réduit en lambeaux et balayé aux quatre coins du monde sous un puissant coup de vent. À cause des intempéries, on parla de te jeter à la mer, laisser le soin aux créatures marines de mettre un terme à ton triste sort, mais d'autres s'étaient révoltés, avaient scandé qu'on ne pouvait te tuer que par le feu. Que seules les flammes sauraient purifier cette terre que tu as profané en la foulant de tes pieds démoniaques. On t'a même arrachée ton nom, on se contente de parler de toi par quelques sobriquets si peu glorieux. Suppôt de Satan, monstre, enfant du Malin, immonde créature. Mais un revenait sans cesse. Sorcière.