Lyra. Douce Lyra. Fille unique du couple Middleburg. Gâtée, choyée, elle concentrait l'attention de  tous. Enfant rêvé, enfant tant voulu. Elle représentait l'espoir, la vie, l'avenir qui parut de suite bien plus agréable à son arrivée. Influent, Jorah Middleburg était très apprécié au sein de la Cour Royale moldue. Il occupait les terres de Canterbury, à une journée à cheval de Londres, et obtint le titre de Comte suite au décès de son père. Puis un jour, celui-ci rencontra une dénommée Susan Swanson. Sortie de nulle part, elle déclarait faire parti de la noblesse anglaise. Mais ce que ce très cher Jorah ne savait pas, c'est qu'elle n'était pas comme lui. Elle était différente. La maison Swanson était bel et bien noble. En réalité, Susan était une sorcière. Une sorcière qui ne supportait plus d'être enfermée entre les murs de leur immense château à Ashford. Ses longs cheveux blonds et son regard azur ne manquèrent pas de séduire rapidement le jeune homme, à peine âgé de vingt-deux ans. Elle se tenait devant lui, tel un ange, alors qu'elle demandait son chemin. Perdue entre deux sentiers, elle avait toujours rêvé de visiter Canterbury, situé à une vingtaine de kilomètres d'Ashford. Ses parents ne l'autorisèrent jamais à s'approcher de la ville, du fait de la présence du Comte Middleburg. Susan était encore jeune, âgée uniquement de dix-sept ans, et se préparait lentement à rejoindre Poudlard. Poudlard qui était loin, trop loin de sa terre natale, dans l'immensité du Royaume d'Ecosse. Son esprit restait pourtant en Angleterre, avec ce jeune homme. Il fallut attendre plusieurs années avant que leurs chemins ne se recroisent et cette fois-ci, il n'était plus question de se séparer. Ce mariage conduisit alors à la perte de la maison Swanson, vassale à la maison Potter, qui aujourd'hui n'est plus représentée. Trahissant son sang-pur, les terres des parents de Susan furent alors partagées. « Mère ! Regardez. » Âgée de sept ans, Lyra découvrait petit à petit ses facultés de sorcières. Même s'ils appartenaient à la noblesse moldue, l'enfant Middleburg avait toujours su la véritable nature de sa mère et gardait précieusement ce secret. « Un... deux... trois ! » Lorsqu'elle finit de décompter, la petite plume qui se tenait face à elle se suréleva de quelques centimètres avant de retrouver sa position d'origine. Ce n'était pas grand chose, mais la petite fille était fière de montrer à ses parents ce dont elle était capable. Même si Jorah, son père, s'était toujours montré un peu méfiant face à la magie, il avait fini par accepter le fait que Lyra soit une sorcière, comme sa mère. Seulement, il était préférable que personne mis à part leur famille ne soit au courant de ce fait, qui induirait de grandes conséquences si le secret venait à être découvert.

Se tenant debout face à l'immense fenêtre de leur château, Lyra lançait des regards inquiets vers la ville qui se trouvait à ses pieds. Durant toutes ces années, ce ne fut pas une mince affaire de cacher à tous sa nature de sorcière, et même si aujourd'hui personne ne s'en doutait réellement, ses parents ne pouvaient pas prendre plus de risques. Ils appartenaient à la noblesse anglaise, moldue. Et non sorcière. Ou du moins plus depuis la dissolution de la maison Swanson. Le Comte Middleburg ainsi que son épouse durent alors prendre une décision, ce qui ne les enchantait guère, mais ils n'avaient pas réellement le choix. « Es-tu prête ? » Sans même se retourner, la jeune femme fit un signe de tête en guise de réponse. Cette question ne valait rien, tout comme sa réponse. Prête ou non, elle allait devoir faire face à la terrible réalité. L'ambiance dans le château de Canterbury s'était alourdie, devint plus triste que d'ordinaire. Et bientôt, cela serait encore pire. « Très bien. Il est temps de partir maintenant. » Des paroles que sa mère prononça difficilement, retenant des larmes qui menaçaient de couler à tout instant. Tout juste âgée de seize ans, Lyra devait quitter sa famille. Pour sa sécurité mais aussi pour celle de ses parents. Ils l'aidaient à fuir, et la protégeaient par la même occasion. C'était déjà une bonne chose. « Laissez-moi encore une petite minute, s'il-vous-plaît. » La famille Middleburg eut vent des derniers événements et des persécutions que les moldus infligeaient aux personnes soupçonnées d'user de la magie. Susan fit alors quelques pas en avant, venant poser sa main sur l'épaule de son unique enfant, essayant tout aussi de la réconforter que de s'apaiser elle-même. « C'est bon. » En s'éternisant ici, partir serait encore plus difficile. Les domestiques étaient de congé, et seules trois silhouettes se promenaient dans les couloirs de l'imposante bâtisse. Susan Middleburg avait pris soin de contacter quelques semaines avant la dame de la maison Potter, amie d'enfance avec qui elle avait gardé de bonnes relations malgré le fait qu'elle se soit tournée vers la noblesse sorcière. Lorsque son amie lui demanda de l'aide, elle ne put donc qu'accepter cette demande, avec plaisir même. A l'arrière du château, dans un coin à l'abri des regards indiscrets et des oreilles curieuses, Jorah, Susan et Lyra profitaient des quelques minutes qu'il leur restait pour se dire au revoir. Des embrassades et des étreintes auxquelles Lyra aurait aimé ne pas mettre de terme. Mais l'heure tournait, et ils devaient être partis maintenant pour être assez loin de Canterbury à l'aube.  A l'intérieur de ce qui allait être leur moyen de transport, une femme à l'allure soignée l'attendait. Ce n'était tout autre que lady Potter, celle qui allait faire en sorte qu'elle soit en sécurité. Le lendemain, des rumeurs disaient que Lyra Middleburg avait succombé à une violente fièvre durant la nuit. Désormais morte aux yeux des moldus, elle devait commencer une nouvelle vie, bien loin de tout ce qu'elle avait connu. 

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« Lyra. » La jeune femme venait de terminer sa journée de cours. Elle aimait particulièrement se promener dans le grand parc du château, comme elle avait l'habitude de le faire avec Aemon lorsqu'il y étudiait encore. Allongés de longues heures sur l'herbe à discuter de leurs journées respectives, ils essayaient de se voir plus souvent possible, même s'ils risquaient énormément en se retrouvant à l'abri des regards indiscrets. Surtout Aemon, en réalité. Prise d'un sursaut, Lyra lui lança un regard lourd, déçue et ne voulant pas perdre plus son temps en la présence de l'héritier Gaunt. Elle continuait sa balade, ignorant ainsi le jeune homme. « Lyra ! » Elle ne comprenait même pas ce qu'il faisait ici. Il devait être auprès de son père, à diriger l'east-anglia. Encore une fois, il répéta son prénom, la faisant enfin réagir. S'il ne se taisait pas, ils allaient être découverts. D'un coup, elle s'arrêta. Et il fit de même. Après quelques secondes de silence, elle daigna enfin se retourner, son visage marqué par une certain agacement mêlé à une profonde tristesse. « Tu aurais dû me le dire. Tu n'aurais pas dû me le cacher ! » Il avait gardé ce détail pour lui. Il n'avait même pas tenté de le lui dire. Et Lyra lui en voulait pour cela. L'apprendre de la bouche d'autres personnes la blessa profondément. Et elle allait lui faire comprendre. « Ce ne sont que des rumeurs, tu le sais bien. Rien de plus ! » Il cherchait à se justifier. Il savait pourtant que l'information avait été confirmée quelques jours avant. Presque tout le royaume était maintenant au courant. « Pardon ? Des rumeurs ? Et tu oses me mentir. » Aemon fit quelques pas en avant, la distance les séparant devenant ainsi très réduite. Il porta sa main dans la chevelure blonde de la jeune femme avant de poser un tendre baiser sur ses douces lèvres. Baiser auquel elle mit fin presque immédiatement, savourant tout de même cet instant. Son amant lui manquait énormément. Elle entamait sa deuxième année sans lui et l'école devint subitement plus vide, plus froid. « Tu m'as parfaitement compris. Je connais à peine Lyanna, cela ne représente absolument rien … mise à part une stupide alliance entre nos deux maisons. » Lyra fit un signe de tête. Résignée, elle n'avait plus d'autre choix que de prendre ses distances, même si cela ne se révélerait pas facile. « Là est le problème. Vos deux maisons. Mon sang est mêlé. Il n'y a pas à chercher plus loin. »  UC.