∞ NOM : Abbott; appartenir à une telle famille sous-entend avoir de nombreux avantages, mais aussi devoir se plier à de nombreuses contraintes, trop, sans doute, à ses yeux; néanmoins, être une Abbott fait entièrement partie d'elle-même, et elle ne changerait de famille pour rien au monde ∞ PRÉNOMS : Roxellana Freyja Nymerya; Son premier prénom fait étymologiquement référence au fait que la demoiselle a pointé son nez à l'aube, après de longues heures de travail pour sa mère; Freyja est une déesse nordique, issue de la mythologie nordique, dont Lady Abbott est férue, et, de plus, elle possède un manteau en plumes de faucon, ce qui fait, pour le coup, référence au blason des Abbott; quant à Nymerya, il s'agit là du prénom de l'une des ancêtres de Roxellana, ancêtre dont la demoiselle descend de par sa branche maternelle.  ∞ AGE : 22 ans; Roxellana vient juste de quitter Poudlard ∞ CAPACITÉ MAGIQUE : Roxellana est capable de faire se départir son père de son calme légendaire, sans qu'il ne puisse lui en vouloir trop longtemps ∞ MÉTIER : dame de la maison Abbott, rôle qu'elle remplie à la perfection ∞ STATUT : elle vient d'apprendre que son père a promis sa main, sans savoir encore à qui ∞ NATURE DU SANG : Pur; toutes ces histoires de pureté du sang lui passe au dessus. Elle apprécie d'être de sang pur, mais n'en fait pas toute une histoire, comme tous ces vieux penseurs. ∞ BAGUETTE : Le destin lui a confié une baguette de 30 centimètres, en bois de sorbier, renfermant en son cœur un crin de sombral  ∞ ALLÉGEANCE : Roxellana est d'une loyauté à toute épreuve envers les siens, membres de la maison Abbott. ∞ ÉPOUVANTARD : Elle-même, à genoux, ou à terre, mains liées dans le dos, et bouche bâillonnée, dans une position de domination. Ce n'est pas tant sa liberté qu'elle craint de perdre, c'est plutôt le fait de devenir la propriété, la chose d'un autre, d'être soumise, sans pouvoir réagir, ni décider d'elle-même. ∞ PATRONUS : un jaguar blanc, aux yeux bleus  ∞ GROUPE : Cape d'invisibilité

∞ QUE PENSES-TU DES RELIQUES DE LA MORT ? : Roxellana est d'une curiosité sans borne, alors, bien sûr, dès toute petite, lorsqu'on lui a parlé de ces fameuses reliques, elle a cherché à en savoir plus, à savoir si tout ceci était vrai, par exemple. Et il s'avère que tout ceci tient de la plus pure des véracités. Sa famille n'en possède aucune, cependant, cela ne dérange en rien la jeune femme. Pour elle, les familles possédant les reliques ont, certes, un regain de prestige, sans doute, mais leur incombent également de grandes responsabilités. Alors, Roxellana s'en méfie quelque peu. Bien qu'elle rêverait de satisfaire, visuellement, sa curiosité. ∞ RECHERCHES-TU UNE RELIQUE EN PARTICULIER ? ET POURQUOI ? : Par simple curiosité, il est vrai que Roxellana ne dirait pas non si on lui proposait d'observer l'une de ces reliques. Cependant, elle ne s'est pas lancée dans une quête perpétuelle, parce qu'elle sait à quel point tout ceci est dangereux. Et puis, se lancer dans une quête, seule, reviendrait, certainement, à la mettre en danger : de mauvaises personnes risqueraient de vouloir la contrecarrer. ∞ DE QUELLE FAMILLE SUZERAINE DÉPENDS-TU ? : Instinctivement, Roxellana vous dira qu'elle dépend de son père, même si cela ne lui plait pas forcément. Mais il est le chef de famille, le Lord, le leader de la maison Abbott. En tant que fille, c'est son devoir de se soumettre, mais elle ne courbe pas l'échine aussi facilement. ∞ QUEL EST TON AVIS SUR CETTE FAMILLE ? : Roxellana aime les siens plus que tout au monde, même si, comme dans toutes les familles, il y a des hauts et il y a des bas. Elle sait, depuis toute petite, qu'elle n'a pas autant de rigueur que sa sœur aînée : si elle s'oppose à son père, Roxellana finira toujours par céder, mais à un prix très élevé. Elle se sent bien parmi les siens, et défendra l'honneur des Abbott même si cela l'entraîne dans de profonds ennuis. Seulement, parfois, elle se dit qu'elle aurait plus de poids si elle était née garçon ... ∞ AS-TU ÉTUDIÉ A HOGWARTS ? : Oui, et elle vient juste d'être diplômée, avec les honneurs. Elle a même eu la chance d'être préféte, au sein de la maison Serdaigle, et ne se cache pas d'avoir, parfois, un peu abusé de ses prérogatives. Là où il y a de la gêne, il n'y a, après tout, pas de plaisir ... Ses années d'études lui laissent un goût fruité, sucré, mais aussi quelque peu amer. Elle ne peut désormais plus être à l'abri d'une quelconque union orchestrée par son père. ∞ APRÈS LA DERNIÈRE ATTAQUE ET LA MORT D'UNE DOUZAINE DE NÉS-MOLDUS, QUEL EST TON AVIS SUR LE STATUT DU SANG ? : Roxellana n'a absolument pas changé d'avis, et ce n'est pas les actes d’extrémistes qui vont l'effrayer. On nait comme on nait, un sang-pur peut simplement se prétendre être né sorciers comme tous ses ancêtres. Cela ne lui donne aucun droit supplémentaire. Voyez-vous, Roxellana fait sans doute plus cas du sang bleu ou roturier, dans le sens où elle perçoit dans la noblesse la nécessité de faire honneur à son rang, et de prendre ses responsabilités.

∞ pseudo/prénom : ici ∞ âge : 22 ans  ∞ pays : France actuellement ∞ comment as-tu découvert le forum ? : Sur Bazzart, version 1.0 ∞ que penses-tu de totb ? : C'est juste de la bombe, réunissant histoire + HP + tout plein d'autres trucs cools ♥ ∞ ton avatar : Nina Dobrev ∞ personnage : inventé ∞ un dernier mot ? : Winter is coming, so hear me roar !

Dans les environs de Leeds, 1260
« Roxee ! Reviens ici, s’il te plait ! » La principale intéressée leva les yeux au ciel, tout en continuant son petit numéro d’équilibriste, debout sur une pierre, avançant vers la prochaine, bras tendus à l’horizontal de chaque côté de son corps. Le clapotis de l’eau la berçait légèrement, alors qu’elle en sentait la fraîcheur, en plus de la légère emprunte qui mordait le bas de sa robe. Ses pieds étaient eux aussi mouillés, rendant l’entreprise plus risquée. Elle le savait bien, cela multipliait les risques, pour elle, de glisser, et de se fracasser le crâne contre une pierre, ou bien même de faire un plongeon dans l’Aire. « Roxellana Abbott ! Je te préviens, si tu tombes, je … » Oui, donc, elle ferait quoi ? Roxellana se stoppa, tout en fronçant le nez : ne vous méprenez pas, elle adorait son prénom, seulement, dans la bouche de ses proches, et surtout, en privé, elle préférait nettement l’un de ses surnoms, Roxee, ou encore Lana. Daella le savait pertinemment, en plus. Sans réellement prendre de précaution, et rattrapant un début de glissade en se rééquilibrant grâce à ses bras et à son centre de gravité, Roxellana se retourna, dardant un regard noir vers sa sœur aînée, le tout en ne se privant pas de froncer les sourcils. « Si je tombe, William me rattrapa. C’est l’un des hommes de Père, jamais il ne me laisserait me noyer. Mais de toute façon, je ne tomberais pas. Je ne tombe jamais. » Et aussitôt, la jeune demoiselle qu’elle était, âgée de 7 ans, reprit sa petite expédition, direction l’autre rive. Elle savait bien qu’elle était actuellement en train d’exaspérer Daella, mais après tout, elle ne prenait pas non plus de risques énormes et insensés : à cet endroit, l’Aire formait un coude, son débit était certes plus rapide, mais la profondeur était moindre. Il y avait bien un pont en bois, plus loin, mais il était distant d’une demi-bonne lieue anglo-saxonne : près de 2, 5 km, si vous préfériez. Et puis, oui, de toute façon, si jamais elle tombait (ce qui était aussi probable que le fait qu’un jour, Jaime avoue qu’il aurait préféré être une fille), il y aurait forcément quelqu’un pour la rattraper : William, pour commencer, ou alors John, l’autre homme de confiance de Lord Abbott chargé, aujourd’hui, de surveiller et protéger les trois filles de son lord suzerain. Oh, et puis, aussi, sans doute, si elle criait vraiment fort et qu’ils n’étaient pas devenus sourds à force de faire la course montés sur des canassons, ses frères. Quoi que, dans le fond, des deux, seuls Jaime et ses 14 ans pourrait sans doute vraiment agir avant que Roxellana ne coule à pic. Et puis, zut ! Elle avait 7 ans, elle n’était plus une petite fille à qui il fallait absolument toujours tenir la main ! Et tant pis si elle montrait le mauvais exemple à Calione. Calione … Dans le fond, aujourd’hui, c’était pour elle qu’elle faisait tout ça, après tout. Et, oui, Roxellana savait très bien que c'était mal de reporter ainsi le blâme sur sa petite sœur, même seulement un peu.

Posant un pied sur l’autre rive, enfin arrivée à destination, Roxellana effectua un parfait tour sur elle-même, à 180°, avec grâce et élégance, ses longs cheveux bruns ondulés tournoyant autour d’elle, alors que les pans de sa robe suivaient le même mouvement. Esquissant un grand sourire, elle observa ses sœurs, sur l’autre rive : Daella ne s’était pas encore rassise dans l’herbe, tandis que Calione battait des mains, riant aux éclats. Bon, il n’y avait pas de temps à perdre, ou Daella allait finir par rameuter toute une petite troupe de soldats au service de son père. Après tout, à ce qu’en savait la cadette des filles de Lord et Lady Abbott, ses parents s’étaient assuré que leurs enfants soient bien accompagnés par un petit corps d’hommes de confiance. Plusieurs d’entre eux devaient chevaucher à la suite des deux fils Abbott, et deux autres, en la personne de William et de John, étaient restés avec les filles. Roxellana ne cherchait pas réellement à défier les demandes, ou à s’opposer à sa sœur aînée : elle voulait simplement qu’on lui fasse confiance, qu’on ne la sous-estime pas autant, qu’on la laisse un peu prouver qu’elle était aussi capable qu’un garçon. Quoi que, connaissant Daella, elle ferait sûrement le même esclandre s’il s’agissait du moindre de ses frères et sœurs. Elle était comme ça, c’était ainsi que Roxellana l’appréciait, alors, elle n’allait pas trop se plaindre. Se baissant au niveau du sol, la jeune fille replaça ses cheveux en ordre, pour éviter qu’ils ne lui tombent trop dans les yeux, et puis, elle se mit à cueillir quelques fleurs. Calione les avait repérées, tout à l’heure, probablement à cause de leur couleur, mais elle n’avait que 4 ans, elle était trop jeune pour franchir le cours de l’Aire. Ce qui n’était pas le cas de Roxellana, qui n’avait pas hésité à s’élancer, afin de faire plaisir à sa petite sœur. Elle était la 4e d’une fratrie de 5 enfants, ce qui voulait dire qu’il n’y avait qu’avec Calione qu’elle pouvait se comporter en grande sœur, alors, elle n’allait sûrement pas manqué une occasion pareille sous prétexte qu’elle était un peu trop imprudente, ce serait dommageable, n’est-ce pas ? Et puis, il s’agissait tout de même aussi de fleurs. Et la jeune aventurière était persuadée que si elle en ramassait aussi un peu pour elle, elle pourrait agrémenter sa chevelure, et sa coiffure, de plusieurs d’entre elles : cela la rendrait probablement, à coup sûr, encore plus craquante qu’elle ne l’était. Souvent, Lady Abbott la prenait pour une poupée, passant des heures à la coiffer, quitte à se substituer, dans cette tâche, au travail des domestiques de la Maison Abbott. Roxellana laissait faire, jusqu’à un certain point : elle aimait se faire belle, mais elle détestait rester trop longtemps au même endroit, ou devenir un simple objet pour qui que ce soit, y compris pour sa propre mère. « Bon, tu reviens maintenant … » Roxellana releva les yeux vers sa sœur, avant de se redresser, et d’épousseter le tissu de sa robe, pour en chasser la moindre herbe folle qui aurait décidé de s’y agripper. Dans le ton de la voix de Daella, elle ressentait une pointe d’inquiétude, et elle comprenait pourquoi : il n’y avait aucun soldat de la Maison Abbott sur cette rive là. Ce qui signifiait que si un vil malotru décidait de s’en prendre à elle … Bref. « Oui, très bien, j’arrive, pas la peine de crier. Calione, ma chérie, j’ai plein de belles fleurs pour toi ! »  



Quelque part en Angleterre, 1268
Il faisait chaud, dans cette vaste salle de réception. La chaleur des bougies et du bois brûlant dans l’immense cheminée s’ajoutait à celle générée par tous les invités de ce grand bal, ou festin, ou … En fait, à vrai dire, Roxellana ne se souvenait pas, sur le moment, de la réelle dénomination de tout ceci. Elle ne savait même plus trop pourquoi elle était là. L’ensemble de sa famille avait été convié, car l’année des aînés à Poudlard était arrivée à son terme, alors elle avait suivi le mouvement, parce que c’était ainsi. De toute façon, son père n’aurait pas lâché l’affaire si elle avait décidé de rester chez eux, à Leeds : il était borné, et entendait bien qu’on lui obéisse. La seconde de ses filles avait tout de même manifesté sa désapprobation, lorsqu’on l’avait placé à la table des jeunes adolescents, en ne faisant aucun réel effort pour prendre part aux conversations : les filles riaient comme des pintades, les garçons les séduisaient effrontément, en y allant avec leurs gros sabots. Elle préférait de loin, pour l’instant, casser la croute de la miche de pain déposée devant elle, avant de faire des boulettes avec la mie du pain, et de les faire rouler, à coups de pichenette, jusque contre le pichet à vin posé devant sa place. Roxellana, du haut de ses 15 ans à présent, était de plus en plus féminine, et férue de mode. Cependant, elle ne voyait pas son existence se résumer uniquement à toutes ces activités féminines dont on voulait l’abreuver. Jaime lui avait apprit à monter à cheval, elle savait aussi, un peu, manier l’arc, elle savait lire, écrire, s’intéressait aussi un peu à la diplomatie, alors … Alors être en une telle présence l’agaçait plus qu’autre chose. Sans parler des jeunes garçons, qui n’employaient pas un vocabulaire qui l’enchantait. Et puis, brusquement, une main s’abattit sur la sienne, stoppant son petit jeu, d’un coup net, et sans équivoque. Roxellana releva les yeux, tombant sur la silhouette du plus jeune de ses deux frères. Haussant les sourcils, comme pour l’interroger sur ses motivations, la jeune femme se redressa quelque peu. « Thomas vient de te proposer une danse. » Quoi, Thomas ? Mais … ? Roxellana n’y comprenait rien, jusqu’à ce que son frère tire brusquement sur sa chaise, la décollant de la table, avant d’attraper le bras de la damoiselle et de hisser cette dernière jusqu’à ce qu’elle se retrouve debout. Et là, tout de suite, tout devint plus clair, plus compréhensible. Thomas était là, juste derrière elle, ou presque. A tout les coups, blasée qu’elle était, il avait dû lui parler, et elle n’avait rien entendu. Thomas, à vrai dire, elle ne l’appréciait pas trop. Et pourtant, elle le connaissait depuis longtemps. C’était un cousin, ou alors, l’un des meilleurs amis de Jaime, voire même les deux, allez-savoir. Instinctivement, ce fut comme si Roxellana sentait peser sur elle le regard de son père. Elle n’avait pas besoin de regarder tout autour d’elle pour savoir qu’il était là, quelque part, et qu’il l’observait. Sans doute était-ce même lui qui avait demandé au plus jeune de ses fils d’aller lui remettre les idées en place, si l’on pouvait dire ça comme ça. Esquissant le meilleur de tous ses sourires feints, elle accepta la danse, d’une légère révérence, qui aurait semblé un peu trop guindé à quiconque la connaissait réellement, marque de son relatif agacement. Puis, elle avança l’une de ses mains vers Thomas, qui l’a baisa, avant de la mener, en la tenant par la main, jusqu’à la zone laissée vacante de tout meuble afin que les convives puissent danser. Et ainsi commença une assez mauvaise aventure pour la jeune femme.

Thomas empestait le vin, et en plus, il lui marchait sur les pieds, et à chaque fois qu’ils en venaient à se croiser, lorsque les lignes de danse s’entrecroisaient, il avait la fâcheuse habitude de trop laisser ses mains se balader un peu partout. En plus de ça, et même si le jeune homme n’y était, pour le coup, pour rien, Roxellana se sentait un peu engoncée dans sa robe. Les mesures avaient été prises il y a quelques semaines déjà, mais depuis lors, le décolleté était déjà trop petit. Elle avait la sensation qu’on lui écrasait la poitrine, ce qui l’empêchait de respirer convenablement. Et si elle s’avisait de quelque peu délacer les liens, elle risquait de trop aguicher, de trop attirer les regards sur cette partie là de son anatomie. Elle avait 15 ans, elle savait très bien quel effet ce genre de chose pouvait avoir sur les hommes. Alors, du regard, elle tentait de chercher son frère, ou alors Jaime, voire même n’importe quelle autre connaissance masculine qui n’en voulait absolument pas à ses fesses. Alors, oui, elle ne se sentait pas si à l’aise que ça. En plus, tout à l’heure, elle avait croisé le regard d’István MacMillan, fils aîné de Lord MacMillan, l’un des plus loyaux vassaux de Lord Abbott, si ce n’était le plus loyal, même. C’était un secret pour la grande majorité des personnes, mais pendant quelques années, alors qu’elle était plus jeune, Roxellana en avait franchement pincé pour le jeune homme, pourtant de 16 ans son aîné. En fait, à tout bien y réfléchir, la plus au courant de l’affaire devait être Ashara, sa meilleure amie. Maintenant, tout ceci était fini, parce que le principal intéressé était marié, et que Roxellana avait grandi, et avait déjà elle-même un nombre impressionnant de prétendants. Mais il n’empêchait qu’elle refusait de se ridiculiser ou de se laisser tripoter alors qu’elle le savait dans les environs. Elle ignorait pourquoi, mais c’était ainsi. De toute façon, elle refusait de se l’expliquer. « … avec des fesses comme les tiennes … » Hein ? Quoi ?! Ce souffle aux relents de vin … Thomas ! Cessant un peu d’être à ses pensées, Roxellana reprit pied à la réalité. « Excuses moi ?!! » En réaction, elle leva l’une de ses mains en l’air, prête à cingler l’air et à administrer un bon soufflet à Thomas, lorsqu’une main se posa sur ses hanches, l’entraînant plus loin. « A votre place, Lady Roxellana, j’éviterais. Cela risquerait de déplaire à votre Père. De toute façon, il me semble que Jaime se charge déjà de votre ami. » « L… Lord Potter ? » En une fraction de seconde, la jeune femme sentit le rose lui monter aux joues, alors qu’elle suivait, comme un mouton, Lord Potter. Il n’était pas d’usage pour les jeunes femmes de s’aventurer à gifler les jeunes gens. Il n’en demeurait pas moins que, effectivement, en se retournant, Roxellana aperçut bel et bien Jaime, qui décroisait les bras et fusillait du regard Thomas. Oui, bon, il aurait pu se bouger un peu plus tôt ! Après tout, il devait défendre l’honneur des siens, et cela passait par protéger la vertu de ses sœurs ! « Venez, je suis sûr qu’Ashara sera heureuse de passer le restant de la soirée en votre compagnie. »



Cour intérieure de Poudlard,  printemps 1275
Les couloirs étaient déserts, ce qui tenait à coup sûr de la logique la plus implacable qui soit, puisqu’il faisait nuit, et que tous ceux qui arpentaient habituellement les couloirs de Poudlard étaient techniquement en train de dormir, bien au chaud dans leur lit. Seulement voilà, il s’avérait que Poudlard était de ces lieux qui ne dorment jamais, parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’éveillé, quelqu’un sur le pont, quelqu’un d’insomniaque, ou quelqu’un qui avait encore les yeux grands ouverts pour une raison ou pour une autre. L’année scolaire touchait à sa fin, alors, dans le fond, normalement, à cette heure avancée de la nuit (ou du matin, tout dépendait de la perspective dans laquelle vous vous placiez, et du point de vue que vous vous décidiez d’adopter), soit vous dormiez, terrassé de fatigue par vos révisions, soit vous étiez justement en train de réviser, en piquant du nez de temps à autre, en vous arrachant les cheveux parce que toute connaissance refusait d’entrer dans votre petite tête, et en veillant toujours à ce que la cire des bougies ne vienne pas enflammer vos parchemins et autres supports de révision. Roxellana était de ceux là. Enfin, disons qu’elle était de ces élèves pour qui les années d’études à Poudlard touchaient à leur fin. Seulement, elle n’avait ni envie de dormir, ni envie de réviser. Elle se sentait quelque peu … Mélancolique. Oui, voilà, c’était sûrement ça. Une page de sa vie se tournait, et elle avait ce pressentiment étrange, au fond d’elle. Comme si elle sentait que quelque chose de plus grand, de plus imposant allait succéder à ces années d’études. Pourtant, sans doute aurait-elle dû exulter de joie à l’idée de rentrer enfin chez elle, à Leeds, puisqu’elle allait retrouver ses parents, ainsi que ses frères. Mais dans le fond … Poudlard, ça avait aussi un peu été chez elle, pendant ces 5 ans. Et puis, ici, il y avait ses sœurs : Daella était Professeure de Botanique, et depuis 2 ans, Calione était élève. Elle pouvait les voir chaque jour, si elle le voulait, bien que, dans le fond, elle avait évité, autant que possible, de trop fréquenter sa sœur aînée en dehors des heures de cours. Vous comprenez, elle refusait que la moindre rumeur de favoritisme circule. Roxellana était plutôt douée pour les études, voire même plus que la moyenne, et cela l’affecterait énormément que de s’entendre dire qu’elle devait sa réussite estudiantine à des coups de pouce en provenance de sa sœur. Déjà, en cours, elle avait dû se retenir, plus d’une fois, de froncer le nez ou de lever les yeux au ciel devant les consignes, les compliments, les réprimandes et les instructions donnés par Daella. De même, Roxellana avait dû, à plusieurs reprises (trop nombreuses à son goût), se mordre fortement la lèvre lorsqu’il avait s’agit d’éviter d’appeler Daella par son prénom au lieu d’attirer son attention en faisant usage de son titre doctoral, ou enseignant, comme vous voulez. Ici, Daella était le Professeur Abbott, mais elle était aussi sa sœur, et il était impossible pour Roxellana de le nier. Ici, la jeune femme avait su gagner en indépendance, en assurance. Ici, elle était un peu éloignée des attentes de ses parents quant à sa vie future. Ici, il était question d’études, et non pas de devoirs, de mariage, et tout le reste. Or, maintenant, avec les derniers examens qui se profilaient, il allait falloir renouer avec sa vie d’avant, ou plutôt avec la vraie vie, celle qu’elle recommençait à vivre à chaque vacance.

Il faisait beau, cette nuit. Les nuages étaient rares dans le ciel, alors on pouvait bien observer les étoiles, et la lune, pleine et brillante, illuminait les environs du château de sa lumière si mystique, si lunaire, si mystérieuse. Tout semblait adopter une teinte plus féérique. Cependant, il ne faisait pas non plus une chaleur étouffante, alors, assise sur un petit muret de pierre, Roxellana rabattit quelque peu sur elle sa cape en tissu bleu turquoise. Instinctivement, elle porta l’une de ses mains à son front, avant de sourire, de façon légèrement mélancolique. Très bientôt, son front allait à coup sûr être ceint de l’un de ces colliers de tête, en cuir ou en pierreries précieuses, s’il ne s’agissait tout bonnement pas d’une tiare. Elle allait, après tout, redevenir, aux yeux de tous, une Dame de la Maison Abbott. Bien sûr, à Poudlard aussi, elle était demeurée la fille de Lord Abbott, et la sœur cadette de Jaime, héritier du titre, mais elle n’avait pas senti le besoin d’en faire des tonnes. Alors, la plupart du temps, elle s’était contentée de bandeaux de cuir, tressés. C’était largement suffisant à ses yeux. Elle estimait que sa façon de marcher, de parler, de réagir, de se mouvoir, était suffisante pour exprimer à tous la réalité de ses origines nobles, pas besoin de tomber dans l’ostentatoire. A Poudlard, d’une certaine façon, tout lui avait semblé plus simple, même si elle avait tout de même porté sur ses épaules certaines responsabilités. Elle avait été une bonne étudiante, toujours dans les meilleures de sa maisonnée, mais aussi de sa génération. Elle avait également assuré, pendant plusieurs années, le poste de Préfète de Serdaigle. Mais tout ceci, elle allait devoir le laisser derrière elle. Et elle savait que pour bon nombre de personnes, surtout pour les hommes, tout ceci n’allait avoir que peu d’importance : après tout, en premier lieu, la société n’attendait pas d’une femme qu’elle soit cultivée, intelligente, et habile de ses capacités cognitives. On voulait simplement d’elle qu’elle soit une bonne épouse, qu’elle sache se plier à ses devoirs, qu’elle sache faire ce qu’on attendait d’elle, qu’elle maîtrise les ouvrages féminins, et surtout, qu’elle donne un héritier, voire même plus qu’un, à son époux. Roxellana craignait de ne pas réellement être prête pour ça, même si, dans le fond … Dans le fond, malgré son caractère et ses centres d’intérêt, elle avait toujours été élevée pour ça. Parfois, elle se prenait à envier la plus grande faculté de rébellion de Daella, son aînée, et d’Ashara, qu’elle connaissait depuis l’enfance, et avec qui elle partageait une sincère, belle et forte amitié. A coup sûr, si Jaime était là, et qu’il la voyait, ou s’il était en mesure de l’entendre penser, il froncerait les sourcils, et lui demanderait d’arrêter un peu ses enfantillages. Il l’aimait, bien sûr, sans doute pas autant qu’elle, elle l’aimait, mais, malgré tout, il était son aîné, son futur Lord, si Père venait à mourir avant qu’elle ne soit mariée. Elle était toujours consciente de cette différence entre eux, de ce léger fossé. Soudain, Roxellana sursauta, alors qu’une main venait de se poser sur son épaule. Se retournant immédiatement, elle tomba sur le regard de Daella. Elle s’attendait à être réprimandée, ou à recevoir un regard plein de reproches, mais au lieu de ça … « Allez, viens te coucher, Roxee. Tu n’es pas encore diplômée, profites en jusqu’au bout. » Daella avait écarté sa cape, et l’encourageait, d’un signe de tête, à se rapprocher d’elle. Quittant son muret, Roxellana remit de l’ordre dans ses habits, avant de venir glisser son bras dans celui de sa sœur aînée, tout en posant sa tête tout contre l’une des épaules de Daella, qui lui déposa un baiser sur le sommet du crâne, en veillant à ne pas écraser sa coiffure. « Tout ira bien, petite sœur … » Un soupir. « Tu promets ? » Sa voix se faisait moins assurée, et plus enfantine qu’elle ne le voulait, mais c’était ainsi : une certaine angoisse la tenaillait, lui contractant l’estomac, lui bloquant la respiration, et affolant un peu son cœur. Le silence lui répondit, alors qu’elle sentit l’une des mains de Daella lui caresser doucement le bras. Les cartes étaient entre les mains de leur Père, comme toujours …



Chateau de Leeds, Maison Abbott, été 1275
Une montagne de tension sembla s’abattre sur elle. C’était tétanisant, et Roxellana ne semblait plus trop savoir comment ou pourquoi elle arrivait encore à marcher. Les pans de sa robe, tenus entre ses mains, lui apparaissaient comme peser des tonnes. Ses jambes chancelaient sous elle, elle aurait marché sur une terre mouvante que cela aurait été la même chose. Elle s’en voulait de se sentir ainsi. Mais dans le même temps, le souffle lui manquait quelque peu, et son cœur battait bien trop vite comparé à d’habitude. Il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle reprenne ses esprits, qu’elle se mette un bon coup de pied aux fesses pour ne pas toucher le fond comme elle semblait pourtant s’apprêter à le faire. Allez, elle n’était plus une enfant, elle avait tout de même 22 ans. 22 ans et … Et elle venait de se prendre un coup en pleine figure, ou tout comme. Oui, en fait, pas besoin d’y réfléchir plus que ça, c’était tout comme. Elle entendait encore la voix de Père résonner dans sa tête, s’amplifier, se répercuter un peu partout. Elle revoyait son visage, revivait sa propre surprise, non, plutôt sa stupéfaction. Il n’avait pas pris la peine de lui parler dans un lieu intime, où elle se serait sentie plus à son aise, moins « petite » au milieu de cette pièce si vaste qu’était la salle des audiences. Mais, non, il avait bel et bien choisi de la convoquer dans la salle des audiences. Dans un sens, elle n’appréciait pas trop ce choix, se sentant rabaisser à la simple personne demandant audience. D’abord, d’ailleurs, elle n’avait rien demandé, encore moins concernant tout cela. Bien sûr, elle n’était pas naïve, et savait parfaitement dans quel milieu elle évoluait, et de quel type de caractère était faîte sa famille, sa maison. Elle savait que Daella était beaucoup plus entêtée et campée sur ses positions qu’elle-même pouvait l’être. Ce qui faisait probablement d’elle la fille à marier en premier, bien qu’elle ne soit que la cadette des filles de Lord Abbott. Elle se sentait tout de même humiliée. Très intéressant, comme type de retrouvailles ! Roxellana venait à peine de rentrer de Poudlard, il y a quelques jours, et voilà déjà que … C’était sans doute à prévoir, très sûrement, même. Elle s’en était plus ou moins doutée, dès que le carrosse s’était arrêté dans la cour intérieure du château de Leeds. Son père avait eu ce léger sourire, en la voyant descendre, comme s’il appréciait sa beauté, bien qu’à présent, Roxellana y voyait plutôt là une façon pour lui d’évaluer la valeur marchande qu’elle pouvait bien avoir. D’ordinaire, il n’avait pas ce genre de sourire là, qui la scrutait de haut en bas, et s’attardait, trop longtemps, sur son visage. Quelques jours plus tard, il y avait eu cette réunion au sommet entre les grandes maisons vassales et la Maison Abbott. Il y avait eu un banquet, évidemment, et Roxellana n’avait pas pu y couper, quoi que ce genre de festivités ne la dérangeait pas : elle était ici chez elle, à Leeds. Elle savait très bien dans quelles alcôves se réfugier si elle avait besoin d’intimité, et elle savait aussi vers quel garde darder son regard si jamais l’un des convives se montrait trop entreprenant avec elle, afin d’être débarrassée au plus vite du petit opportun sans provoquer d’esclandre. De toute façon, s’en prendre à l’une des filles de Lord Abbott, sous le toit de ce dernier, relèverait de la pure folie, mais certains hommes perdent le sens commun dès qu’il voit un jupon, Roxellana en était parfaitement consciente, et se préférait trop prudente plutôt que pas assez. Durant ces festivités, elle avait senti se poser sur elle bien des regards, y compris ceux des chefs des maisons vassales, mais alors, rien ne l’avait vraiment interpellé : elle était très jolie, elle le savait, et, en quelque sorte, pour eux, la snober totalement ce serait révélé être une façon d’offenser Lord Abbott. Et puis, ils l’avaient observée, regardée évoluer, ils ne l’avaient pas dénudée du regard, observée comme si elle n’était que de la viande. Autre signe qui ne trompait pas : la veille, elle avait eu le droit à un joli présent de la part de son père, un bel étalon, magnifique, à vrai dire. Elle qui lui avait demandé, encore et encore, depuis plusieurs mois … Elle avait pris ça comme un cadeau la félicitant de ses brillantes études à Poudlard, mais maintenant, elle se sentait bien stupide d’avoir raisonné ainsi : bien sûr que le but de Lord Abbott avait été la satisfaire, sur un point, pour préparer le terrain et la dompter, en quelque sorte. Elle était plus docile que ses deux sœurs, plus féminine aussi, plus raisonnable peut-être, aussi. Daella était obstinée, voulait diriger sa propre vie, Calione était garçon manqué, malgré tous les efforts de Roxellana pour la dompter à sa façon, elle aussi …

Brusquement, alors qu’elle avait fini par errer dans les couloirs sans s’en rendre compte, elle fut happée par un bras. En relevant le regard, elle tomba sur son frère aîné, Jaime. Il n’avait pas l’air très enchanté, lui non plus, bien que son visage n’était probablement pas aussi pâle que celui de Roxellana. Il avait les traits tirés, les sourcils froncés, et il avait cette moue que sa sœur cadette ne pouvait confondre avec nulle autre. Il était contrarié, ou alors, quelqu’un lui avait fait une sale remarque, et il en boudait encore. Peut-être que tout ceci était dû à Ashara, qui lui avait claqué une porte au nez, au sens propre ou au sens figuré. Il n’en demeurait pas moins qu’une telle attitude ne faisait que renforcer les inquiétudes de Roxellana. Elle allait se marier. Ou, du moins, son père, Lord Abbott, avait promis sa main à un homme. Il n’avait même pas voulu lui répondre, quand elle lui avait demandé son identité. Ce qui la faisait imaginer tout et n’importe quoi, y compris le pire. Il ne l’avait tout de même pas livrée en pâture à un Gaunt ou, pire, à un Ollivander ?! Quoi que, dans le fond, Roxellana ignorait quel sort était pire que l’autre. Mais, obstinément, Roxellana refusait de laisser Jaime la voir bouleversée et perturbée plus longtemps que ça. Alors, comme elle savait si bien le faire, bipolaire qu’elle pouvait paraître, la jeune femme secoua toutes ces mauvaises pensées, histoire de les évacuer, de les dissimuler, là, quelque part, et se mit à marcher d’un pas plus enjoué, alors qu’une fausse décontraction s’emparait d’elle. Les apparences prévalent ... « Un souci avec ta promise, mon chef frère ? » La réponse ne se fit pas attendre, enfin, si l’on pouvait considérer un regard noir et lourd de sens de la part de Jaime comme une façon de répondre … En tout cas, il ne prit pas la peine de lui répondre, ce qui fit que Roxellana leva les yeux au ciel. « Quelqu’un t’a surpris à détrousser une servante alors ? » Là, pour le coup, elle allait sans doute trop loin : pour les Abbott de sexe masculin, et pour la société en règle générale, de tels propos n’avaient pas leur place dans la bouche d’une jeune femme noble telle que Roxellana, et de tels sujets ne devaient même pas lui effleurer l’esprit. « Cesses de faire l’enfant Roxee, veux-tu … Père m’a informé de ses desseins te concernant. » Très bien, là, cela avait lui mérite de rabattre le caquet de Roxellana, qui se mit à déglutir péniblement. « Ah … » Une nouvelle vague de décoloration de son visage survint, alors que sa main s’accrocha plus fort contre le bras de son frère. Sur le moment, elle n’aspira qu’à une chose : remonter le temps, revenir en arrière, redevenir cette petite fille qui était loin de telles préoccupations. Elle voulait se blottir tout contre son grand frère, le laisser jouer avec ses longs cheveux bruns en feignant de dormir pour qu’il continue, et ne se stoppe pas sous prétexte qu’il valait mieux que ça. Elle voulait laisser son autre frère lui baiser le front en lui disant qu’il s’agissait là d’un baiser magique, qui ferait fuir tous les nuages noirs rodant au dessus de sa tête. « Il ne m’a même pas dit à qui il avait promis ma main. Est-ce que … Tu en sais plus ? » Probablement n’allait pas lui répondre. Zut, elle avait adopté la mauvaise technique. Elle aurait dû taire le fait que Lord Abbott ne lui avait donné aucun détail sur l’identité de son fiancée, pour piéger Jaime, pour qu’il parle. Le piéger, cela aurait été mal, mais aux grands maux les grands remèdes, n’est-ce pas ? Malheureusement pour elle, elle n’eut droit à aucune réponse de la part de Jaime, car un grand cri fusait, en plein couloir. « Lady Calione, revenez ici ! » Oh oh, on dirait que leur petite sœur, et la plus jeune de tous les enfants de Lord Abbott, venait encore de faire des siennes. Le sujet « fiançailles » allait donc devoir être remis à plus tard. Ce qui n’empêchait en rien Roxellana de faire le tour et le détour de tous les partis actuellement libres. Pourvu qu’il ne s’agisse pas d’un vieux croulant, sans dent, ronchon, terré au fond de ses terres reculées, perdues au milieu de nulle part et coupées de toute civilisation !

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